Chanson triste (1) (Jean Lahor, 1840-1909)
Dans ton coeur dort un clair de lune,
Un doux clair de lune d'été,
Et pour fuir la vie importune,
Je me noierai dans ta clarté.
J'oublierai les douleurs passées,
Mon amour, quand tu berceras
Mon triste coeur et mes pensées
Dans le calme aimant de tes bras.
Tu prendras ma tête malade,
Oh! quelquefois, sur tes genoux,
Et lui diras une ballade
Qui semblera parler de nous;
Et dans tes yeux pleins de tristesse,
Dans tes yeux alors je boirai
Tant de baisers et de tendresses
Que peut-être je guérirai.
(1)原題:Dans ton coeur dort un clair de lune; 所収:L'Illusion (1875)
Le galop (René-François Sully-Prudhomme ,1839-1907)
Agite, bon cheval, ta crinière fuyante,
Que l'air autour de nous se remplisse de voix,
Que j'entende craquer sous ta corne bruyante
Le gravier des ruisseaux et les débris des boix.
Aux vapeurs de tes flancs mêle ta chaude haleine,
Aux éclairs de tes pieds, ton écume et ton sang.
Cours, comme on voit un aigle, en effleurant la plaine,
Fouetter l'herbe d'un vol sonore et frémissant.
Allons! Les jeunes gens, à la nage, à la nage,
Crie à ses cavaliers le vieux chef de tribu,
Et les fils du désert respirent le pillage,
Et les chevaux sont fous du grand air qu'ils ont bu.
Nage ainsi dans l'espace, ô mon cheval rapide.
Abreuve-moi d'air pur, baigne-moi dans le vent,
L'étrier bat ton ventre, et j'ai lâché la bride.
Mon corps te touche à peine, il vole en te suivant.
Brise tout, le buisson, la barrière ou la branche.
Torrents, fossés, talus, franchis tout d'un seul bond.
Cours, cours, je rêve et sur toi, les yeux clos, je me penche,
Emporte, emporte-moi dans l'inconnu profond!
Romance de Mignon (Victor Wilder)(1)
Le connais-tu, ce radieux pays
Où brille dans les branches d'or des fruits?
Un doux zéphir embaume l'air
Et le laurier s'unit au myrte vert.
Le connais-tu, le connais-tu?
Là-bas, là-bas, mon bien-aimé,
Courons porter nos pas.
Le connais-tu, ce merveilleux séjour
Où tout me parle encor de notre amour?
Où chaque objet me dit avec douleur:
Qui t'a ravi ta joie et ton bonheur?
Le connais-tu, le connais-tu?
Là-bas, là-bas, mon bien-aimé,
Courons porter nos pas.
(1)原詩はゲーテの「ヴィルヘルム・マイスターの修業時代」第3巻に含まれる以下の詩だが、 翻案に近い自由な訳(第3連は実質的に訳されていない)のため作者として扱う。
Kennst du das Land, wo die Zitronen blühn (Johann Wolfgang von Goethe ,1749-1832)
Kennst du das Land, wo die Zitronen blühn,
Im dunkeln Laub die Gold-Orangen glühn,
Ein sanfter Wind vom blauen Himmel weht,
Die Myrte still und hoch der Lorbeer steht?
Kennst du es wohl?
Dahin! dahin
Möcht ich mit dir, o mein Geliebter, ziehn.
Kennst du das Haus? Auf Säulen ruht sein Dach.
Es glänzt der Saal, es schimmert das Gemach,
Und Marmorbilder stehn und sehn mich an:
Was hat man dir, du armes Kind, getan?
Kennst du es wohl?
Dahin! dahin
Möcht ich mit dir, o mein Beschützer, ziehn.
Kennst du den Berg und seinen Wolkensteg?
Das Maultier sucht im Nebel seinen Weg;
In Höhlen wohnt der Drachen alte Brut;
Es stürzt der Fels und über ihn die Flut!
Kennst du ihn wohl?
Dahin! dahin
Geht unser Weg! O Vater, laß uns ziehn!
Sérénade (Gabriel Marc)
Si j'étais, ô mon amoureuse,
La brise au souffle parfumé,
Pour frôler ta bouche rieuse,
Je viendrais craintif et charmé.
Si j'étais l'abeille qui vole,
Ou le papillon séducteur,
Tu ne me verrais pas, frivole,
Te quitter pour une autre fleur.
Si j'étais la rose charmante
Que ta main place sur ton coeur,
Si près de toi toute tremblante
Je me fanerais de bonheur.
Mais en vain je cherche à te plaire,
J'ai beau gémir et soupirer.
Je suis homme, et que puis-je faire? -
T'aimer... Te le dire ... Et pleurer!
Soupir (René-François Sully-Prudhomme ,1839-1907)
Ne jamais la voir ni l'entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais, fidèle, toujours l'attendre,
Toujours l'aimer!
Ouvrir les bras, et, las d'attendre,
Sur la néant les refermer!
Mais encor, toujours les lui tendre
Toujours l'aimer.
Ah! ne pouvoir que les lui tendre
Et dans les pleurs se consumer,
Mais ces pleurs toujours les répandre,
Toujours l'aimer...
Ne jamais la voir ni l'entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais d'un amour toujours plus tendre
Toujours l'aimer. Toujours!
Au pays où se fait la guerre (Théophile Gautier, 1811-1872)
Au pays où se fait la guerre
Mon bel ami s'en est allé.
Il semble à mon coeur désolé
Qu'il ne reste que moi sur terre.
En partant au baiser d'adieu,
Il m'a pris mon âme à ma bouche...
Qui le tient si longtemps, mon Dieu?
Voilà le soleil qui se chouche,
Et moi toute seule en ma tour
J'attends encore son retour.
Les pigeons sur le toit roucoulent,
Roucoulent amoureusement,
Avec un son triste et charmant;
Les eaux sous les grands saules coulent...
Je me sens tout près de pleurer,
Mon coeur comme un lys plein s'épanche,
Et je n'ose plus espérer,
Voici briller la lune blanche,
Et moi toute seule en ma tour
J'attends encore son retour...
Quelqu'un monte à grands pas la rampe...
Serait-ce lui, mon doux amant?
Ce n'est pas lui, mais seulement
Mon petit page avec ma lampe...
Vents du soir, volez, dites-lui
Qu'il est ma pensée et mon rêve,
Toute ma joie et mon ennui.
Voici que l'aurore se lève,
Et moi toute seule en ma tour
J'attends encore son retour.
L'invitation au voyage (Charles Baudelaire ,1821-1867)
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble,
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble.
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
[ Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre,
Les plus rares fleures
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
ah! la splendour orientale
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté. ](1)
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière!
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
(1)Duparcは第2連には曲をつけていない。
La fuite (Théophile Gautier ,1811-1872)
Kadidja:
Au firmament sans étoile
La lune éteint ses rayons,
La nuit nous prête son voile,
Fuyons, fuyons!
Ahmed:
Ne crains-tu pas la colère
De tes frères insolents,
Le désespoire de ton père,
De ton père aux sourcils blancs?
Kadidja:
Que m'importent mépris, blâme,
Dangers, malédictions,
C'est en toi que vit mon âme,
Fuyons, fuyons!
Ahmed:
Le coeur ne manque, je tremble,
Et dans mon sein traversé
De leur kandjar il me semble
Sentir le contact glacé
Kadidja:
Née au désert ma cavale,
Sur les blés, dans les sillons,
Volerait, des vents rivale,
Fuyons, fuyons!
Ahmed:
Au désert infranchissable,
Sans parasol pour jeter
Un peu d'ombre sur le sable,
Sans tente pour m'abriter...
Kadidja:
Mes cils te feront de l'ombre,
Et la nuit, la nuit nous dormirons
Sous mes cheveux, tente sombre,
Fuyons, fuyons!
Ahmed:
Si le mirage illusoire
Nous cachait le vrai chemin,
Sans vivres, sans eau pour boire,
Tous deux nous mourrions demain...
Kadidja:
Sous le bonheur mon coeur ploie,
Si l'eau manque aux stations,
Bois les larmes de ma joie,
Fuyons, fuyons!
[ Kadidja:
Au firmament sans étoile
La lune éteint ses rayons,
Mes cils te feront de l'ombre,
Et la nuit, la nuit nous dormirons
Sous mes cheveux, tente sombre,
Fuyons, fuyons!
Ahmed:
Au firmament sans étoile
La lune éteint ses rayons,
La nuit nous prête son voile,
Fuyons, fuyons!](1)
(1)ソプラノ(Kadidja)とテノール(Ahmed)のデュエットで、ここまでは交互に歌われるが、最終2連は同時に歌われる。
La vague et la cloche (François Coppée ,1842-1908)
Un fois, terrassé par un puissant breuvage,
J'ai rêvé que parmi les vagues et le bruit
De la mer je voguais sans fanal dans la nuit,
Morne rameur, n'ayant plus l'espoir du rivage...
L'Océan me crachait ses baves sur le front,
Et le vent me glaçait d'horreur jusqu'aux entrailles,
Les vagues s'écroulaient ainsi que des murailles
Avec ce rythme lent qu'un silence interrompt...
Puis, tout changea... la mer et sa noire mêlée
Sombrèrent... sous mes pieds s'effondra le plancher
De la barque... Et j'étais seul dans un vieux clocher,
Chevauchant avec rage une cloche ébranlée.
J'étreignais la criarde opiniâtrement,
Convulsif et fermant dans l'effort mes paupières,
Le grondement faisait trembler les vieilles pierres,
Tant j'activais sans fin le lourd balancement.
Pourquoi n'as-tu pas dit, o rêve, où Dieu nous mène?
Pourquoi n'as-tu pas dit s'ils ne finiraient pas
L'inutile travaile et l'éternel fracas
Dont est fait la vie, hélas, la vie humaine!
Elégie (1) (Thomas Moore ,1779-1852)
Oh! ne murmurez pas son nom! Qu'il dorme dans l'ombre,
Où froide et sans honneur repose sa dépouille.
Muettes, tristes, glacées, tombent nos larmes,
Comme la rosée de la nuit, qui sur sa tête humecte la gazon;
Mais la rosée de la nuit, bien qu'elle pleure en silence,
Fera briller la verdure sur sa couche
Et nos larmes, en secret répandues,
Conserveront sa mémoire fraîche et verte dans nos coeurs.
(1)原詩は英語で以下の通りで、アイルランドのイングランドに対する反乱に失敗し、処刑された友人Robert Emmetの(1778-1803) 追悼として書かれた。 翻訳は作曲者の妻の手になるものと思われる。
Elegy
Oh! breathe not his name, let it sleep in the shade,
Where cold and unhonour'd his relics are laid:
Sad, silent, and dark, be the tears that we shed,
As the night-dew that falls on the grass o'er his head.
But the night-dew that falls, though in silence it weeps,
Shall brighten with verdure the grave where he sleeps;
And the tear that we shed, though in secret it rolls,
Shall long keep his memory green in our souls.
Extase (1) (Jean Lahor ,1840-1909)
Sur [ton sein](2) pâle mon coeur dort
D'un sommeil doux comme la mort
Mort exquise, mort parfumée
[Au](3) souffle de la bien aimée
Sur ton sein pâle mon coeur dort
D'un sommeil doux comme la mort
(1)原題:Sur ton sein pâle mon coeur dort
(2)Duparcは "un lys" に変更
(3)Duparcは "Du" に変更
Le manoir de Rosemonde (Robert de Bonnières ,1850-1905)
De sa dent soudaine et vorace,
Comme un chien l'amour m'a mordu...
En suivant mon sang répandu,
Va, tu pourras suivre ma trace...
Prends un cheval de bonne race,
Pars, et suis mon chemin ardu,
Fondrière ou sentier perdu,
Si la course ne te harasse!
En passant par où j'ai passé,
Tu verras que seul et blessé
J'ai parcouru ce triste monde.
Et qu'ainsi je m'en fus mourir
Bien loin, bien loin, sans découvrir
Le bleu manoir de Rosemonde.
Sérénade florentine (Jean Lahor ,1840-1909)
Étoile dont la beauté luit
Comme un diamant dans la nuit,
Regarde vers ma bien-aimée
Dont la paupière s'est fermée.
Et fais descendre sur ses yeux
La bénédiction des cieux.
Elle s'endort... Par la fenêtre
En sa chambre heureuse pénètre;
Sur sa blancheur, comme un baiser,
Viens jusqu'à l'aube te poser
Et que sa pensée, alors, rêve
D'un astre d'amour qui se lève!
Phidylé (Charles-Marie-René Leconte de Lisle ,1818-1894)
L'herbe est molle au sommeil sous les frais peupliers,
Aux pentes des sources moussues,
Qui dans les prés en fleur germant par mille issues,
Se perdent sous les noirs halliers.
Repose, ô Phidylé! Midi sur les feuillages
Rayonne et t'invite au sommeil.
Par le trèfle et le thym, seules, en plein soleil,
Chantent les abeilles volages;.
Un chaud parfum circule au détour des sentiers,
La rouge fleur des blés s'incline,
Et les oiseaux, rasant de l'aile la colline,
Cherchent l'ombre des églantiers.
[ Les taillis sont muets; le daim, par les clairières,
Devant les meutes aux abois
Ne bondit plus; Diane, assise au fond des bois,
Polit ses flèches meurtrières.
Dors en paix, belle enfant aux rires ingénus,
Aux nymphes agrestes pareille!
De ta bouche au miel pur j'écarterai l'abeille,
Je garantirai tes pieds nus.
Laisse sur ton épaule et ses formes divines,
Comme un or fluide et léger,
Sous mon souffle amoureux courir et voltiger
L'épaisseur de tes tresses fines!
Sans troubler ton repos, sur ton front transparent,
Libre des souples bandelettes,
J'unirai l'hyacinthe aux pâles violettes,
Et la rose au myrte odorant.
Belle comme Érycine aux jardins de Sicile,
Et plus chère à mon coeur jaloux,
Repose! Et j'emplirai du souffle le plus doux
La flûte à mes lèvres docile.
Je charmerai les bois, ô blanche Phidylé,
De ta louange familière;
Et les nymphes, au seuil de leurs grottes de lierre,
En pâliront, le coeur troublé. ](1)
[ Repose, ô Phidylé! ](2)
Mais, quand l'Astre, incliné sur sa courbe éclatante,
Verra ses ardeurs s'apaiser,
Que ton plus beau sourire et ton meilleur baiser
Me récompensent de l'attente!
(1)Duparcは第4~9連には曲をつけていない。
(2)Duparcは "Repose, ô Phidylé!" を挿入し、ルフランのように用いて、最終連に繋げている。
Lamento (1) (Théophile Gautier ,1811-1872)
Connaissez-vous la blanche tombe,
Où flotte avec un son plaintif
L'ombre d'un if?
Sur l'if une pâle colombe,
Triste et seule au soleil couchant,
Chante son chant:
[ Un air maladivement tendre,
À la fois charmant et fatal,
Qui vous fait mal
Et qu'on voudrait toujours entendre;
Un air comme en soupire aux cieux
L'ange amoureux.
On dirait que l'âme éveillée
Pleure sous terre à l'unisson
De la chanson,
Et du malheur d'être oubliée
Se plaint dans un roucoulement
Bien doucement.
Sur les ailes de la musique
On sent lentement revenir
Un souvenir.
Une ombre, une forme angélique,
Passe dans un rayon tremblant,
En voile blanc.
Les belles de nuit demicloses
Jettent leur parfum faible et doux
Autour de vous,
Et le fantôme aux molles poses
Murmure en vous tendant les bras:
Tu reviendras!](2)
Oh! jamais plus près de la tombe,
Je n'irai, quand descend le soir
Au manteau noir,
Écouter la pâle colombe
Chanter sur la pointe de l'if
Son chant plaintif.
(1)原題:Connaissez-vous la blanche tombe
(2)Duparcは第2~6連には曲をつけていない。
Testament (Armand Silvestre ,1837-1901)
Pour que le vent te les apporte
Sur l'aile noire d'un remord,
J'écrirai sur la feuille morte
Les tortures de mon coeur mort!
Toute ma sève s'est tarie
Aux clairs midis de ta beauté,
Et, comme à la feuille flétrie,
Rien de vivant ne m'est resté;
Tes yeux m'ont brûlé jusqu'à l'âme,
Comme des soleils sans merci!
Feuille que le gouffre réclame,
L'autan va m'emporter aussi...
Mais avant, pour qu'il te les porte
Sur l'aile noire d'un remord,
J'écrirai sur la feuille morte
Les tortures de mon coeur mort!
La vie antérieure (Charles Baudelaire ,1821-1867)
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux...
C'est là, c'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs,
Et des esclaves nus tout imprégnés d'odeurs
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.
(2005.12.11公開,13,14,15,17,24,28,2006.1.3,6補筆修正,2007.1.12修正,2007.04.20プーシキン「ルサルカ」についての記述を訂正、参考文献を追加。4.21補筆修正。4.22作品表再公開。 5.6加筆, 5.18コメント追加, 5.19加筆および仏語原文追加, 6.19修正, 2024.5.16再公開)
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